Les recrutements dans le secteur de l’environnement vont bon train, on recherche activement des cadres, des directeurs, des ingénieurs, des techniciens, et de nouveaux métiers font leur apparition. Mais il existe un autre secteur qui aurait besoin de sang neuf, malheureusement fortement décrié en ce moment : le nucléaire. Et oui, le démantèlement obligatoire des centrales ne se fait pas tout seul ! Envie d’en savoir plus ? Consultez notre dossier complet sur la question.
Quelle est la situation en France concernant le démantèlement des centrales nucléaires ?
Avant toute chose, il est important d’expliquer que l’on ne démantèle que des centrales à l’arrêt. Certaines installations se voient octroyer des permis d’extension d’exploitation, repoussant leur date d’arrêt.
En France, 68 réacteurs nucléaires civils de production d’électricité ont été construits. Parmi eux, 56 réacteurs fonctionnent actuellement et 12 autres sont en cours de démantèlement. 9 centrales nucléaires de première génération sont à l’arrêt, certaines depuis plusieurs décennies. En effet, EDF assure pour l’instant que la déconstruction surviendra plus tard. Les réacteurs en cours de démantèlement sont :
- 1 réacteur à eau pressurisée de la centrale Chooz A ;
- 1 réacteur à eau lourde de la centrale Brennilis ;
- 6 réacteurs uranium naturel graphite-gaz des centrales de Chinon, de Saint-Laurent et du Bugey ;
- 1 réacteur à neutrons rapides de la centrale de Creys-Malville ;
- 3 réacteurs de la centrale nucléaire militaire de Marcoule.
En plus de ces réacteurs, EDF n’a pas complètement intégré les changements liés à la loi sur la transition énergétique, qui impose une diminution de 50% de la part du nucléaire dans la production d’électricité en France en 2025. Ainsi, ce sont 17 réacteurs supplémentaires qui pourraient être fermés puis démantelés.
Comment se déroule le démantèlement d’un réacteur nucléaire ?
D’un point de vue administratif, le démantèlement d’un réacteur nucléaire prend déjà du temps.
Il faut d’abord mettre au point un dossier de démantèlement (obligatoirement déposé par l’exploitant), puis réaliser une enquête publique sur la faisabilité du projet. Il faut ensuite attendre d’obtenir un décret de démantèlement (la procédure prend au minimum 4 ans), qui prescrit et précise les opérations de démantèlement dans leur globalité, pour enfin pouvoir procéder au déclassement final, en fin de démantèlement.
D’un point de vue technique, EDF estime à 15 ans le démantèlement d’un réacteur, même si dans les faits cela peut prendre plus de 30 ans. Pendant le temps d’instruction, l’entreprise commence à décharger le combustible (représentant 99,9% de la radioactivité) et l’entrepose dans une piscine de désactivation. Puis, durant 4 à 5 ans, EDF et ses sous-traitants vont retirer les matériels non radioactifs.
Dans un second temps, des robots pilotés à distance par des opérateurs s’occupent de démonter le bâtiment des réacteurs (découpage du pressuriseur, des pompes, des générateurs à vapeur…). C’est en fin de chaîne que survient le démantèlement de la cuve, qui contient les éléments les plus radioactifs de la centrale. Une fois les opérations réalisées, les structures en béton sont détruites.
Le démantèlement d’un réacteur nucléaire pouvant s’échelonner sur plus de 30 ans, il est important de se rendre compte des opportunités de carrière qui en découle. Peu mis en avant par les différents gouvernements, un démantèlement requiert pourtant nécessairement le recrutement de personnel qualifié dans le nucléaire.
Quels problèmes soulèvent le démantèlement des réacteurs nucléaires en France ?
Premier problème : la sécurité. Le démantèlent nucléaire est l’action de détruire une installation nucléaire. Cela implique l’arrêt définitif de l’exploitation concernée, mais aussi la mise en place de mesures spéciales contre les risques de radioactivité.
Des mesures très strictes de radioprotection pour les personnes intervenant sur le chantier doivent être mises en place, concernant par exemple le confinement, le conditionnement puis l’évacuation des déchets radioactifs. Mais, est c’est là que le bât blesse, les premières centrales ont été construites dans les années 50 sans que le démantèlement ne soit anticipé par les ingénieurs d’EDF, ce qui complique fortement la réalisation d’une déconstruction.
Deuxième problème : le coût. De l’aveu du Président de la République Française Emmanuel Macron, « personne ne sait aujourd’hui évaluer le coût du démantèlement-retraitement ».
EDF a pourtant évalué à 26,6 milliards d’euros le démantèlement de l’ensemble du parc français (60,5 milliards en intégrant la gestion des déchets et le traitement des combustibles). Démanteler un réacteur coûterait entre 350 et 500 millions d’euros, affirme EDF. Pourtant, les électriciens étrangers annoncent plutôt des chiffres de l’ordre d’1 milliard d’euros et sont plutôt unanimes sur la question.
Exemple marquant français avec la centrale de Brennilis. Les réacteurs de la centrale ont fonctionné pendant environ 20 ans et le démantèlement est en cours depuis plus de 30 ans ! Le coût de l’opération a été multiplié par 20 depuis le début des travaux par rapport aux prévisions initiales d’EDF. GreenPeace a d’ailleurs obtenu du parquet l’ouverture d’une enquête préliminaire pour « délit boursier » en début d’année.
Concernant la centrale de Brennilis, le démantèlement pourrait être terminé 47 ans après sa mise à l’arrêt.
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